the NachtKabarett

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Lest We Forget  | Against All Gods Tour

Textes et contenu © Nick Kushner Sauf Annotation Contraire
Traduction française : Gilles R. Maurice

'Experience is the Mistress of Fools', une aquarelle de Manson watercolor retravaillée pour la pochette du best of 'Lest We Forget' en 2004. La photo originale utilisée comme bannière presse et affiche pour la tournée 'Against All Gods' en 2004 - 2005.

Marilyn Manson de 2004 à 2006, chronologiquement l'ère du Best Of 'Lest We Forget', puis de la tournée 'Against All Gods'. L'imagerie et les influences de cette période transitionnelle, de gestation, ainsi que les inspirations auxquelles Manson a fait allusion durant celle-ci, résultant à l'ère Célébritarienne "perdue" avec la sortie de 'Eat Me, Drink Me' en 2007.

 

L'IMPÉRATRICE ROUGE | LA MORT NOIRE | LE PENTAGRAMME À JAMBES DE LEST WE FORGET
LE ROMANTISME | PHANTASMAGORIA & L'ÈRE VICTORIENNE
BABYLONE & L'ORBE PAPALE | LES FLEURS DU MAL
PIERRE ET GILLES: "PORTRAIT EN OFFICIER" & DITA LE DAHLIA NOIR

 

 

Composition pour Aurélien/L'inconnue d'Arragon, vers 1950
Photographie de Man Ray, provenant de l'ouvrage Man Ray, 1890-1976.
Performance de Manson durant la tournée AGAINST ALL
GODS. Photo de Cyril Helnwein.

 

À droite : The Scartet Empress. Gauche : Tim Skold en 2005, lors de l'étape européenne de la tournée Against All Gods.

L'Impératrice Rouge, avec en vedette la sombre actrice allemande à la voix rauque Marlène Dietrich, déjà souvent évoquée à l'époque de The Golden Age of Grotesque (cf. L'ART DANS THE GOLDEN AGE OF GROTESQUE), est un film que Manson a mentionné pour la première fois pendant l'été 2005, dans un numéro du Rolling Stone Russe. C'était un film aux costumes et décors très élaborés, et dont le casting épique dépassait les mille acteurs. Bien qu'il fit un bide lors de sa sortie en 1934, il donnait suite à la collaboration entre Dietrich et Josef von Sternberg qui avait débuté lors du tournage de L'Ange Bleu, et est depuis devenu bien mieux considéré, après sa ressortie par la compagnie de cinéma d'avant-garde Criterion.

Le film entier, grandement élaboré, graphiquement riche et souvent surréaliste de par l'exagération des décors semble être réminiscent, ou tout du moins influent chez Manson. Il raconte l'histoire de la princesse Catherine, liée par le mariage à l'imbécile et incompétent grand-duc de Russie, et forcée à assimiler la culture russe, abandonnant ses racines prussiennes. Elle surmonte finalement les attaques personnelles et mesquines de la famille royale pour s'élever et devenir le personnage historique de Catherine la Grande, aimée du peuple russe et de toute l'Europe. Bien que l'époque en question précède de près de cent ans l'ère victorienne, que Manson a reconnu comme étant une influence sur sa performance de l'époque, l'imagerie du film avec ses décors et costumes travaillés préfigure bien les grands idéaux victoriens.

Un élément très subtil et isolé du film lui vaut d'être mentionné ici : l'étrange jupe squelettique portée par Skold à travers la tournée Against All Gods européenne est une allusion à la mode vestimentaire bouffante et grandiose de l'ère victorienne, s'agissant en fait d'une crinoline de robe victorienne. La même crinoline que Marlène porte lors d'une brève scène de l'Impératrice Rouge.

the Black Death

La Mort Noire

Manson mentionne pour la première fois la Mort Noire en Novembre 2004 lors de la tournée 'Against All Gods', dans un article anglais d'une page au sujet de ses influences du moment. Depuis, plusieurs allusions y ont été faites, dont une précision sur le nouvel album qui devait explorer les origines de la Mort Noire ainsi que ses influences sur l'art et la société jusqu'à nos jours. Le plus exceptionnel étant, selon Manson, la présence insidieuse de la Peste dans l'art et la créativité, et le fait que les premiers squelettes apparaissent seulement dans des peintures après que la Peste ait décimé un tiers de l'Europe.

Manson interprétant The Nobodies lors de la tournée européenne d'Against All Gods.

Durant la tournée Against All Gods, une poignée d'allusions visuelles à la Mort Noire furent employées par Manson. La plus frappante, bien que son rapport au sujet soit discutable, était l'interprétation de Manson sur The Nobodies dans un étrange costume à capuche noire, durant la partie européenne d'Against All Gods en 2005. Parallèlement au simple aspect sombre et inquiétant qu'il confère, le costume fonctionne également sur un deuxième plan, dans le contexte de cette précédente allusion à la Mort Noire : jouer le rôle des étranges docteurs de la Peste qui traitaient les victimes, et rappeler la secte des Flagellants, qui comme leur nom l'indique marchaient à travers l'Europe dans des parades morbides en se fouettant avec des martinets 'chats à neuf queues', se faisant souffrir pour expier leur péché et apaiser leur Dieu, voyant en la Peste la colère de Dieu dirigée vers les hommes pour leur attitude pécheresse. Ainsi, les Flagellants étaient le contraire absolu de ceux qui se livrèrent sans retenue aux plaisirs terrestres, pensant la fin des temps inévitable.

Une illustration de la procession des flagellants s'infligeant des châtiments pour atténuer la colère de Dieu. Merci à Bullsik de MansonPL.com, site-ami de The NACHTKABARETT, pour cette image ainsi que les deux clichés live. Plan sur la procession des flagellants tirés du Septième Sceau d'Ingmar Bergman, une influence récente souvent citée par Manson depuis la fin 2004.

En marge de cela, Manson a également cité Ingmar Bergman, ainsi que des réalisateurs de films d'horreur comme Alfred Hitchcock (dont on pouvait entendre la voix dans la version Célébritarienne de MarilynManson.com) et Roman Polanski comme influences stylistiques dans la production du projet filmographique de Manson, Phantasmagoria : The Visions of Lewis Carroll.

D'autres plans tirés du Septième Sceau d'Ingmar Bergman. À gauche, un repentant s'autoflagellant ; à droite, un pénitent ensanglanté infligeant sa douleur à celui qui le précède, et réciproquement fouetté par celui qui le suit

Le concept et l'allusion aux Flagellants opère avant tout dans la continuité de l'œuvre de Manson comme une illustration de la culpabilité auto-imposée que le voile du christianisme impose à ses adhérents. Créant ainsi pour eux-mêmes un Enfer sur Terre dans cette vie pour échapper à la punition dans la suivante. Ceci étant bien évidemment une illustration bien plus extrême, physique et littérale de cette tendance.

Costume des Docteurs de la Peste Noire conçu pour les protéger de tout contact ou inhalation du virus, et de son mode encore inconnu de transmission. D'apparence similaire, ou tout du moins en rapport, ce symbole de la Mort Noire fut possiblement l'inspiration du récent costume à cape noire de Manson.
Paul Fürst, Vêtement de Médecin contre la Peste, gravure, 1656
(collection particulière).

Les médecins exposés à la peste se drapaient complètement dans un costume totalement fermé, protégé par des substances aromatiques. La volonté d'obstruer toutes les ouvertures corporelles n'est pas reliée à la notion de contagion, au sens actuel du terme. Les microbes étaient inconnus à cette époque pré- pastorienne. Il s'agissait simplement d'éviter tout contact avec la "vapeur venimeuse" de l'air. Car la peste pouvait provenir, selon les contemporains, d'une volonté divine de punir les pécheurs ou plus fréquemment encore d'une intervention diabolique. Les plus horribles odeurs indiquaient la présence de Satan, maître de la corruption, de l'enfer soufré et de la putréfaction. Malodorantes par nature, selon les médecins, les femmes appartenaient plus à son règne qu'à celui du Créateur.
Une histoire du diable, XIIe-XXe siècle, par Robert Muchembled
Membres des flagellants évoquant et rejouant la passion du Christ, alors que d'autres prèchent le sort maudit et pécheur de l'Homme. Le Septième Sceau d'Ingmar Berman.
Membres encapuchonnés des flagellants, prêchant les attitudes pécheresses de l'humanité comme causes de la Peste, balançant le saint encensoir du clergé.
Manson débarquant sur scène en prélude à la tournée AGAINST ALL GODS avec un encensoir allumé enveloppant la scène de fumée. Photo : Cyril Helnwein. Une étrangeté datant de l'époque de la Peste, décrivant la mort et la fumée parfumée comme méthode pour chasser l'affection.
Anonyme, Costume de Peste d'un Médecin,
gravure sur cuivre coloriée, XVIIIe siècle (collection particulière).

La malignité de la maladie pesteuse exigeait une protection totale pour éviter le contact de l'air infecté. Des fumigations s'y ajoutaient, tant en se déplaçant parmi les cadavres que dans les lieux infectés. Au XVIe spiècle, Ambroise Paré conseillait même de chasser le mal par le mal : pour faire sortir la peste d'une maison, il préconisait d'y introduire un bouc, dont la puanteur repousserait le danger. L'imaginaire lia ainsi pour longtemps le démon aux pires odeurs, à la maladie, à la mort, au corps humide et froid des femmes.
Une histoire du diable, XIIe-XXe siècle par Robert Muchembled

Lest We Forget Leg Pentagram

Le Pentagramme à Jambes de Lest We Forget

Comme mentionné dans notre rubrique ART & THE GOLDEN AGE OF GROTESQUE,le pentagramme à cinq jambes en bas résilles décorant le CD Lest We Forget provient partiellement d'une vieille affiche pour la comédie musicale Cabaret.

Étant donné le vif intérêt de Manson pour le symbolisme Occulte, intentionnellement ou pas, ce motif à jambes possède des caractéristiques communes avec l'un des démons de The Goetia, dont les jambes effectuent une circumbulation.

Le Dixième Esprit est Buer, un Grand Président. Il apparaît en Sagittaire, et telle est sa forme quand le Soleil s'y trouve. Il enseigne les Philosophies Morale et Naturelle, l'Art de la Logique, et aussi les Vertues des Herbes et des Plantes. Il soigne toutes les maladies de l'homme, et donne de bons Familiers. Il gouverne 50 Légions d'Esprits, et ceci est le Caractère de son obéissance, que tu devras porter pour l'invoquer en apparition.
The Goetia

The Goetia, également connu sous le titre de la Petite Clé de Salomon, est un guide à l'invocation de "démons" , ou anges moindres, incomplets, obsédés de vice, que l'on invoque pour obtenir sexe, argent, et plaisirs terrestres. Le grimoire, à l'origine un manuscrit datant à peu près du XVIe siècle, fut d'abord exhumé par S. Liddell Macgregor Mathers, co-fondateur de l'organisation occulte l'Aube Dorée, et plus tard traduit et publié par Aleister Crowley au début du XXe.

C'est donc une nouvelle connection avec les nombreuses références à Crowley faites par Manson depuis la sortie de 'Lest We Forget' jusqu'à 2006.

Babalon & the Papal Orb

Babylone et l'Orbe Papale

En collaboration avec Obyvatelius_Vulgaris | PaintPit.ru

Début octobre 2006, le site de la boutique officielle fut mis à jour, avec l'addition de nouveaux T-shirts regroupés sous une nouvelle rubrique 'Retail Merchandise'. Alors que la plupart des T-shirts présentaient des visuels familiers, relatifs aux différentes ères Mansoniennes, deux d'entre eux se détachaient du lot, avec un concept complètement inédit : le 'Circle 7 Tee' et le 'Double Double Junior Tee'.

Le premier contient l'Étoile de Babylone, un élément récurrent dans l'imagerie de Manson et, de par sa fréquence, une partieconsidérable, tout du moins une facette, de ses intentions pour la nouvelle ère de la Celebritarian Corporation. Elle avait déjà été utilisée auparavant durant l'ère Holy Wood, mais depuis Mars 2006 elle ressurgit dans des motifs récents, l'endroit le plus évident étant le front de Manson, sur le nouveau T-shirt reproduisant l'entête de la Celebritarian Corporation (portrait de Manson apparaissant à l'époque dans la séquence flash du site), dressant ainsi un tableau signé de la prophétie sur la Marque de la Bête, dans l'Apocalypse biblique.

Pour en savoir plus sur l'Étoile de Babylone, cf. la rubrique L'OCCULTE et l'article CELEBRITARIAN CORPORATION & MARILYN MANSON .COM : APRIL - MAY 2006

Dans le design du second T-shirt, Double Double Junior, Manson réinterprète un symbole médiéval chrétien d'autorité, connu sous le nom de 'globus cruciger', ou simplement de l'orbe. Comme beaucoup d'autres symboles chrétiens, le globus cruciger nous vient de l'Antiquité. Dans la Rome antique, un disque plein était la représentation du monde (en Latin, 'orbis terranum', le 'cercle des pays' d'où le nom 'orbe') ou de l'univers comme un tout harmonieux (i.e. le cosmos) et le tenir dans une main était un message clair de pouvoir. Les Romains l'associaient à Jupiter (avec le sceptre comme autre attribut principal) et à l'Empereur comme son représentant sur terre. En ajoutant une croix au-dessus de l'orbe, les chrétiens réinterprétèrent le symbole comme la domination du Christ (la croix) sur le monde (l'orbe).

Une peinture du XIIe siècle qui montre le Christ tenant le globus cruciger.

Manson remonte aux origines de ce symbole en utilisant un cercle (signification littérale du mot orbe) à la place de la sphère traditionnelle. Ce cercle est l'élément de base de son nouveau symbole, celui de la Celebritarian Corporation, et est entouré de quinze Croix de Lorraine. L'une de ces croix est clairement plus imposante que les autres et surmonte l'orbe, qui du coup ressemble beaucoup au globus cruciger. Manson n'affirme donc pas la domination du Christ sur le monde, mais la domination du principe occulte de base 'As Above, So Below' ('Ce qui demeure en Haut, comme ce qui est en Bas') incarné par la Croix de Lorraine. La grosse Croix de Lorraine rouge s'ajoutant en fond accentue encore cette impression de domination.

Le fait que le dos du T-shirt montre une étrange tête de mort inscrite dans l'orbe est essentiel, et peut être envisagé comme une référence directe au Célébritarianisme. Comme Crowley le pointait dans l'Équinoxe des Dieux, "Le Christiannisme et toutes les religions similaires vénèrent la mort, glorifient la souffrance, déifient des cadavres." On ne peut que constater l'association du globus cruciger avec Jupiter et l'empereur, et donc avec l'idée de la Volonté de Puissance au coeur du Triptyque (à comparer avec la carte de l'Empereur dans le jeu de Tarot de Manson).

Romanticism

Le Romantisme

Avant le début de la tournée Against All Gods, et avant même qu'un indice ne laisse présager de la venue d'une nouvelle ère, le Romantisme exerçait déjà son influence sur bien des aspects de l'œuvre de Manson. En effet, une grande part des artistes examinés ou pointés par Manson : le Marquis de Sade, Oscar Wilde, Francisco Goya, Fiedrich Nietzsche et Edgar Allan Poe - entre autres - étaient tous des figures importantes du Romantisme.

Le Romantisme est mieux défini comme un mouvement ; un mouvement qui sera plus tard connu par certains sous le nom de pensée Anti-Lumières. Pour cette raison, le Romantisme fut plus qu'une simple période de l'Histoire, c'était une période qui regardait vers les croyances de temps plus anciens, une période de nouvelles perspectives, et par dessus tout une période de redécouverte et de reconnaissance de la beauté sous toutes ses formes, sombres ou lumineuses. Grâce à ces valeurs, le Romantisme fut capable de s'étendre sur une période de temps considérable, florissant de manière assez importante du milieu du XVIIIe au début du XIXe siècle.

Avec beaucoup d'anticipation sur les inspirations citées par Manson, le bruit courait entre les fans que le nouvel album serait basé sur l'amour et la romance. La longue interview accordée à Mansonusa.com, fut donc pour Manson une opportunité de clarifier cette direction :

Cet album provient de beaucoup d'endroits différents, mais je le qualifierait de romantique ; pas comme lorsqu'on se tient la main et que l'on marche au clair de lune, mais romantique comme le désir ardent et inassouvi de vivre dans une autre époque ou un autre lieu où l'on se sentirait plus à sa place. C'est une chose à laquelle tout le monde peut s'identifier. Il y a aussi un grand rapport avec le désir de trouver une autre personne avec qui partager cela. C'est la lutte que l'on mène pour rechercher cela. C'est très différent de tout ce qu'on a pu faire. C'est aussi très sombre, dans un sens.

Le Romantisme en son sens le plus strict corrobore point par point cette description. Les Romantiques étaient un groupe d'excentriques, principalement composé d'artistes et d'intellectuels vivant dans une société à laquelle ils ne se sentaient pas appartenir. Avec l'industrialisation, la destruction rapide de la nature, une perte croissante de la croyance en Dieu, et le rejet de l'abstraction au profit de la science froide et objective, les Romantiques cherchaient à trouver un monde dans lequel ils s'intègreraient mieux. Quand ils ne pouvaient pas y accéder, ils le créaient ; à travers la philosophie, les arts, la théologie, et autres biais, les Romantiques se trouvèrent rapidement en opposition à leur culture environnante.

Bien que le Romantisme ne soit pas 'romantique' au sens moderne du mot, cette notion de romance peut cependant être un mince facteur de l'équation. Les disciples du Romantisme cherchaient à susciter de fortes réactions d'eux-mêmes, par conséquent tout ce qui pouvait les faire se sentir plus en phase avec l'humanité ou la terre était respecté : l'horreur, la crainte, la peur, la panique ; toutes ces émotions jusqu'alors étiquetées comme négatives ou comme signes de faiblesse devenaient rassurantes de par leur dimension humaine.

Toute émotion, œuvre d'art, ou point de vue qui pouvaient transcender les Romantiques, les couper d'une société de plus en plus lugubre et mécanisée était célébré, sans tenir compte de son caractère 'positif' ou 'négatif'. Pour cette raison, les Romantiques voyaient de la beauté dans chaque chose, et les anciennes notions noire ou blanche de bien et de mal donnèrent du gris. Alors que l'amour pouvait être romantique, l'horreur le pouvait aussi, et tous deux furent vus comme beaux et romantiques de par leur capacité à émouvoir les gens.

Mais par dessus tout, la nature elle-même était l'apogée de la beauté, car elle donnait aux Romantiques une preuve infaillible de la vie et du divin, et leur rappelait qu'il restait des choses dans le monde qui dépassaient l'humanité. De bien des façons, la nature devint la mère adoptive des Romantiques.

L'identification de Manson à Lewis Carroll est également à mettre en parallèle avec les Romantiques qui cherchaient à créer une époque et un lieu plus adéquats. Carroll, né vers les débuts de l'ère victorienne (et mort peu avant sa fin), passait une grande partie de son temps isolé du monde. Bien que le mouvement Romantique touchait à sa fin au début de sa vie, cela est difficile à dire lorsqu'on se plonge dans l'œuvre de Carroll. Explorant un vaste éventail de sujets, et écrivant sur l'amour, la beauté et les réalités alternatives, il est nettement évident que Carroll se sentait comme piégé dans une société à laquelle il ne se sentait pas appartenir. La photographie et l'écriture devinrent son exutoire pour créer un nouveau monde, et en effet, lorsque la technologie facilita le procédé photographique, le monde fut submergé de cet art jadis isolé, et il l'abandonna rapidement.

Adam Ant,
portant la version blanche de l'éternelle bande noire sous les yeux à laquelle Manson eut souvent recours.

Plus récemment, le Romantisme connut une renaissance dans les années 80 avec le mouvement 'Néo-Romantique', souvent assimilé ou se chevauchant avec le mouvement New Wave qui naquit dans l'underground post-Punk, post-Sex Pistols, et Manson a évoqué de nombreux artistes de cette période. Le mouvement Néo-Romantique, comme son nom l'indique, émulait cette même culture, combinant les éléments théâtraux extravagants des punks, le vaudeville et même les éléments ornementaux de l'ère victorienne, préfigurant et même, dans un sens, donnant naissance au très souvent surréaliste et toujours extravagant mouvement Club Kids mené par Michael Alig, Leigh Bowery, James St. James et beaucoup d'autres au début des années 1990. Il est intéressant de noter que Manson a "rejoué" cette même scène underground, en incarnant le rôle de Christina dans le film 'Party Monster', basé sur le livre 'Disco Bloodbath' écrit par by James St. James à propos de Michael Alig et se passant dans le New York des années début 90.

Jaquette du film Party Monster. Manson en "Christina" pour le film de 2002 'Party Monster'.

Se référant insistament, et ce depuis un certain nombre d'années, à David Bowie, Manson mentionnait certaines directions de son prochain album comme étant influencées par Bowie, le père du rock glam, théâtral et conceptuel. Particulièrement son album Diamond Dogs. D'autres artistes importants considérés comme ayant à un moment ou à un autre appartenu au mouvement Néo-Romantique de l'Underground Brittish incluent : Boy George (avant Culture Club), Adam and the Ants, Depeche Mode, Eurythmics et Soft Cell - Manson ayant soit repris ou évoqué les trois derniers par le passé.

Adam Ant, lors de son ère 'Stand and Deliver' et Marilyn Manson durant le Guns, God & Government tour en 2001.
Adam Ant, et Marilyn Manson dans une photographie de Dean Karr prise durant l'ère de au cours de l'ère de Mechanical Animals.

the Victorian Era

L'Ère Victorienne

A brief history of the Victorian Era

Une brève Histoire de l'Ère Victorienne

Marquée par le règne de la Reine Victoria, l'ère victorienne (1837 - 1901) fut une époque parsemée de contradictions, de révolutions technologiques, de pensées contrastées, avec une vision stricte de la morale, et des opinions intéressantes concernant les femmes et les enfants.

La Reine, dont la quintessence Victorienne façonnait la morale de l'époque.

Avec un contexte historique aussi riche, il n'est pas surprenant que Manson s'intéresse, fasse allusion et trace des parallèles avec les Victoriens. Une société marquée par les contradictions, dichotomies, et merveilles artistiques, qui servit de terreau pour nombre de grands penseurs et artistes.

Alors que la Mort Noire commençait à tomber en léthargie, devenant d'un fléau digne des pires catastrophes narrées dans Apocalypse, un doux murmure dans la nuit, il restait toujours une poignée d'épidémies pour continuer son œuvre funeste, dont le typhus, mais plus particulièrement le choléra -- à tel point que le choléra était souvent représenté et personnifié comme le don de la mort.

Une du Petit Journal dépeignant la Mort apportant le choléra.

En plus de la mort apportée sous la forme du choléra, l'ère victorienne fut marquée d'effusions de sang, dues au nombre de guerres et de conflits sociaux jalonnant cette époque ; la Guerre des Boers, la Guerre de Crimée, des soulèvements en Inde, qui ensemble ne formaient que le sommet de l'iceberg.

La révolte fut également présente sous de nombreuses formes, autres que la violence. Une révolte bien plus subtile et dangereuse voyait le jour ; une révolte de l'esprit et de la volonté. Les croyances et valeurs tenues pour justes depuis des siècles, à travers d'innombrables générations, commençaient à être remises en question. Charles Darwin fut à l'origine du coup le plus mémorable porté à l'époque victorienne, exhortant le peuple à repenser ou réfuter la philosophie et l'idéologie prédominantes, remettant ainsi l'Histoire, l'évolution, la théologie, la science et même la morale en question. L'insécurité et le doute grandissaient dans la conscience publique, alors que l'Église, l'État et les autres autorités s'employaient à limiter les dégats.

Les femmes tenaient un rôle particulièrement intéressant au sein de la culture victorienne. Jamais un genre ne fut si respecté, bien qu'oppressé, et prude, bien que sexuellement actif. Parallèlement à la culture d'aujourd'hui, les femmes étaient déjà contraintes de se conformer à des standards de beauté irréalistes et idéalistes ; cependant, à l'inverse de la jeunesse d'aujourd'hui, leur beauté était généralement considérée comme un indicateur de leur pureté.

La silhouette des femmes était sacrée, leur corps un temple. Profaner le temple avec des ornementations physiques comme par exemple un excès de bijoux, ou diminuer la beauté naturelle de cette création divine avec du maquillage était jugé scandaleux et hérétique, l'œuvre d'une prostituée ou de racaille ordinaire. L'idéal de toute femme était de garder une innocence enfantine, tout en conservant la beauté parfaite d'une poupée. Pour atteindre ce noble but, les femmes portaient des ombrelles, portaient des vêtements qui devaient couvrir autant de surface de peau exposée que possible (portant souvent des foulards pour couvrir et protéger d'autres parties du corps), buvaient du vinaigre pour garder un teint pâle, et évitaient la lumière directe du soleil. Cette ère et sa philosophie de beauté est en partie à l'origine de la "beauté gothique" vampirique, et également des tenues fétichistes contraignantes. L'esthétique BDSM doit beaucoup aux longs gants à lacets et aux corsets de l'ère victorienne, aujourd'hui communément remplacés par des répliques en PVC noir brillant imitant le cuir.

Une telle culture de répression et de pureté créa cependant un contraste devint une ère de révolution sexuelle introspective, durant laquelle la littérature, la photographie et l'art érotiques furent grandement florissants :

Plusieurs exemples de photographie érotique / pornographique victorienne.
À nouveau je sentis rapidement son doigt introduisant la tête de ce terrible engin que j'avais senti auparavant, et qui me faisait désormais l'effet d'un pilier d'ivoire entrant en moi. Mes requêtes, mes supplications et mes larmes ne m'étaient d'aucun secours. J'étais sur l'autel et, à la manière d'un boucher, il était déterminé à achever le sacrifice ; en effet, mes cris ne semblaient que l'exciter à terminer ma ruine, et suçant mes lèvres et ma poitrine avec fureur, il arracha tous les obstacles qu'offrait ma virginité, me déchirant et me coupant en morceaux, jusqu'à ce que l'intégralité de ce terrible manche fut enterré en moi. Je ne pouvais endurer plus longtemps cet affreux tourment mais, poussant un cri perçant, sombrai inconsciente dans les bras de mon cruel ravisseur.
The Lustful Turk, 1828
En septembre 2004, une série de portraits érotiques accompagnaient une interview de Dita dans un numéro de FHM Collections. Notons la similarité des tons, des formes et de l'intention...

Là où l'on trouve la luxure, la violence et la mort ne sont généralement pas très loin derrière ; en effet, l'un des tueurs en série les plus notables de l'histoire fit également ses débuts durant cette période. En 1888 le serial killer surnommé 'Jack l'Éventreur' assassina et mutila au moins cinq prostituées, semant la terreur dans les rues de Londres, et plongeant la police dans une frénésie totale. Et comme aujourd'hui, cela attira le public comme des mouches essaimant autour de la mort, pendant que les journaux et la presse mondiale relayaient la nouvelle, et que les vieux comme les jeunes se délectaient goulûment de chaque nouvel article, dans ce qui pouvait déjà s'apparenter à une démonstration Célébritarienne du XIXe siècle.

Gauche : la jaquette très graphique du film From Hell. Droite : Manson et Depp à la première du film en 2001.

Connu de beaucoup, et également mentionné dans notre rubrique CELLULOID , le film de 2001 From Hell, avec en vedette l'ami de Manson et son compagnon connoisseur d'Absinthe Johnny Depp, . Manson avait notamment composé la bande originale, qui fut ensuite remplacée par une bande son plus "classique", mais dont une partie fut conservée pour le Wormwood Remix de The Nobodies dans le générique de fin. L'œuvre de Manson avait déjà des connections avec l'ère victorienne depuis bien plus longtemps.

Enfin, il est aussi intéressant de mentionner deux Victoriens particuliers dont Manson s'est inspiré à plusieurs occasions, Lewis Carroll et Oscar Wilde, deux artistes importants de l'ère victorienne, auxquels Manson a sans nul doute fait de nombreuses allusions, qu'il répètera certainement dans le futur.

De gauche à droite, Oscar Wilde & Lewis Carroll, Victorian Artists Extraordinaires.
Oscar Wilde, une des influences principales des écrits de Manson pendant The Golden Age of Grotesque. Manson durant l'été 2005 dans le premier article presse au sujet de son film en préparation, Phantasmagoria.
Affiche promotionnelle de 2006 pour Phantasmagoria. Comme évoqué plus bas dans cette page, l'accoutrement soigné et bien habillé du personnage sans tête central est une allusion directe à l'esthétique masculine victorienne. Cette époque, celle de Lewis Carroll, est bien sur celle pendant laquelle le film se passe.

 

Operatice Personage, Removing the Mask & Victorian imagery

Personnage Opératique, Derrière le Masque & l'imagerie Victorienne

Le réel est la chose la plus effrayante qui soit. Je suis attiré par l'idée de l'artiste enlevant son masque. Mais maintenant... je ne suis pas sur de ce qui est derrière mes masques... ni même si il y a quelquechose. Probablement un autre masque. Le mot 'personnage' implique réellement que l'on joue quelqu'un d'autre lorsque l'on crée, mais je ne pense pas que je puis être plus 'moi- même' lorsque je crée quelquechose. Y a-t-il un bon côté à celà?
Marilyn Manson

the Opera Singer

Le Chanteur d'Opéra

À gauche, un chanteur d'opéra de l'ère victorienne, habillé somptueusement. À droite : Manson sur scène en 2005 en Europe, le démagogue Wagnérien ; en jupe et veste victoriens, accentués par une fraise excentrique de chanteur d'opéra victorien débordant de sa redingote.

Au début 2005, lors de la fermeture de la phase un du 'Against All Gods' tour, Manson a mentionné dans une interview accordée à la presse Coréenne que l'exploration musicale qu'il poursuivait contenait des nouvelles incursions dans l'expérimentation, incluant des éléments en relation avec l'opéra. Bien que ceci ne fût pas révélé sous la forme de nouvelle musique durant cette ère, Manson a néamoins arboré plusieurs costumes évoquant un accoutrement opératique.

the Masked DoppleGängers

Les Doubles Masqués

À gauche,Manson arborant une cane (un accessoire victorien populaire pour homme) au milieu de plusieurs doppelgangers portant son visage. À droite, Manson fait face à un autre masque, la trame à pois autour du cou étaient une mode de cette époque.
Manson portant un chapeau-melon victorien traditionnel ; à droite, le Maestro Opératique, habillé de vêtements victoriens, arborant u ne cane et présenté devant un mur de masques.

the Phantom

Le Fantôme

Manson dans une tenue très chic, arborant une cape, des gants blancs, une cane de gentleman et un noeud papillon. À droite : L'Homme aux Mille Visages, Lon Chanley Sr. dans 'Le Fantôme de l'Opéra'.

the Doll

La Poupée

Lily Cole, un modèle, a une chevelure rousse et des détails vraiment frappants la faisant ressembler à une poupée.
Dramatic New Scenes for Celebritarian New Needs

Les poupées étaient des objets de collection pour les Victoriens, qui appréciaient leur beauté éternelle, leur peau blanche et leur charme innocent. La peau d'albâtre de Lily était très recherchée par les femmes victoriennes en Angleterre, qui auraient souvent bu du vinaigre pour conserver une peau pâle.

Lily Cole, posant avec une ombrelle. Pour les femmes victoriennes, l'ombrelle était plus qu'une protection contre le mauvais temps, c'était un accessoire de mode pratique qui les aidait à garder une peau pâle et sans bronzage, les protégeant du soleil. À droite, 'Femme à l'Ombrelle' de Claude Monet, 1886.

the Film Maker

Le Cinéaste

Fritz Lang, réalisateur de 'M le maudit', auquel Manson à déjà fait référence dans son imagerie, porte le monocle qui deviendra finalement synonyme de son nom. Les monocles étaient très répandus chez les gentlemen et autres dandys de l'époque victorienne. De même, Dita Von Teese en chapeau melon et Marilyn Manson en costume traditionnel, un verre manquant à son pince-nez, créant un monocle improvisé pour son oeil gauche, le même oeil que le réalisateur Fritz Lang.

D'autres apparitions du monocle de Manson, une excentricité commune à de nombreux artistes.

the Constrained

La Contrainte

Tim Skold jouant de la basse dans le filet de grillage d'une robe à crinoline. À droite, deux femmes vêtues de robes à crinoline victoriennes pour modeler leur corps à la mode édictée à cette époque.
Marlène Dietrich enfile une robe à crinoline dans 'L'Impératrice Rouge'

the Gentlemen

Les Gentlemen

De gauche à droite : Manson, Pogo et Mark dans des redingotes victoriennes de cérémonie, portant dessous une simple chemise.

the Death's Head Soldiers

Les Soldats à Tête de Mort

Manson portant une redingote d'officier, évoquant à la fois l'ère victorienne et la Seconde Guerre Mondiale. Sur l'épaule gauche, deux chevrons en os symboles de rang militaire, mais dans leur représentation morbide, une référence perceptible à la Mort Noire. Un costume souvent arboré par Manson lors de cette période, créé par le créateur de haute couture John Galliano dans le style de Vivienne Westwood (pour qui Manson a également posé en 2005). Au début des années 1970, Westwood avait joué avec un concept similaire en écrivant le mot 'SEX' avec des os de poulet sur ses premières créations.

Marilyn Manson, portant une casquette d'officier de la Seconde Guerre Mondiale et un écusson brittanique. À droite, un écusson Brittanique ou apparaissent un baton et une épée croisés sous la couronne victorienne, indiquant probablement le grade de 'Colour Sergeant'.
Manson arborant l'insigne avec épée et baton mentionné plus haut, ainsi qu'un autre écusson non identifié, probablement victorien. À droite, Skold en veste d'officier militaire. Ci-dessous, tenue similaire de Manson devant la potence du synthétiseur de Pogo.

The Flowers of Evil

Floriographie : Le Jardin des Fleurs Vivantes & Les Fleurs du Mal

'Les Fleurs du Mal', œuvre dans laquelle Manson évoque Le Jardin des Fleurs Vivantes, et plus tard le titre de son exposition itinérante internationale en 2007.

Alors que l'on attribue aujourd'hui des caractéristiques et significations à chaque espèce de fleur, c'étaient les Victoriens qui les premiers élaborèrent l'art de la floriographie. Lors de l'ère victorienne, les grandes lignes de ces symbologies maintenant iconiques furent mises en place. Le symbole le plus célèbre restant celui de la rose rouge, un signe de passion inébranlable, de désir, de fidélité ou de loyauté. Alors que les démonstrations publiques d'affection n'étaient pas acceptables à cette époque, l'échange de fleurs devint un médium populaire pour exprimer ses sentiments à autrui.

Illustration originale de John Tenniel où Alice explore 'The Jardin des Fleurs Vivantes', lors de l'un de ses voyages au Pays des Merveilles. Le même jardin dans la version Disneyenne du conte.

La culture des Victoriens était vraiment entrelacée avec celle des fleurs, et il n'était pas rare de voir de larges agencements floraux dans les maisons, ou transformés en accessoires sur des articles d'habillement. De plus, lors des visites pique-niques fréquentes sur la tombe des êtres aimés, des roses étaient souvent déposées par chacun des membres de la famille en signe de loyauté éternelle et de respect.

En plus de la référence Baudelairienne évidente dans le titre, la peinture de Manson 'Les Fleurs du Mal' évoque également l'œuvre de Lewis Carroll, qui utilisa les roses à deux reprises, dans De l'Autre Côté du Miroir et Alice au Pays des Merveilles :


This time she came upon a large flower-bed, with a border of daisies, and a willow-tree growing in the middle.

`O Tiger-lily,' said Alice, addressing herself to one that was waving gracefully about in the wind, `I wish you could talk!'

`We can talk,' said the Tiger-lily: `when there's anybody worth talking to."

Alice was so astonished that she could not speak for a minute: it quite seemed to take her breath away. At length, as the Tiger-lily only went on waving about, she spoke again, in a timid voice -- almost in a whisper. `And can all the flowers talk?'

`As well as you can,' said the Tiger-lily. `And a great deal louder.'

`It isn't manners for us to begin, you know,' said the Rose, `and I really was wondering when you'd speak! Said I to myself, "Her face has got some sense in it, thought it's not a clever one!" Still, you're the right colour, and that goes a long way.'

`I don't care about the colour,' the Tiger-lily remarked. `If only her petals curled up a little more, she'd be all right.'

Alice didn't like being criticised, so she began asking questions. `Aren't you sometimes frightened at being planted out here, with nobody to take care of you?'

`There's the tree in the middle,' said the Rose: `what else is it good for?'

`But what could it do, if any danger came?' Alice asked.

`It says "Bough-wough!" cried a Daisy: `that's why its branches are called boughs!'

`Didn't you know that?' cried another Daisy, and here they all began shouting together, till the air seemed quite full of little shrill voices. `Silence, every one of you!' cried the Tiger-lily, waving itself passionately from side to side, and trembling with excitement. `They know I can't get at them!' it panted, bending its quivering head towards Alice, `or they wouldn't dare to do it!'

`Never mind!' Alice said in a soothing tone, and stooping down to the daisies, who were just beginning again, she whispered, `If you don't hold your tongues, I'll pick you!'

There was silence in a moment, and several of the pink daisies turned white.

`That's right!' said the Tiger-lily. `The daisies are worst of all. When one speaks, they all begin together, and it's enough to make one wither to hear the way they go on!'

`How is it you can all talk so nicely?' Alice said, hoping to get it into a better temper by a compliment. `I've been in many gardens before, but none of the flowers could talk.'

`Put your hand down, and feel the ground,' said the Tiger-lily. `Then you'll know why.

Alice did so. `It's very hard,' she said, `but I don't see what that has to do with it.'

`In most gardens,' the Tiger-lily said, `they make the beds too soft -- so that the flowers are always asleep.'

This sounded a very good reason, and Alice was quite pleased to know it. `I never thought of that before!' she said.

`It's my opinion that you never think at all,' the Rose said in a rather severe tone.

`I never say anybody that looked stupider,' a Violet said, so suddenly, that Alice quite jumped; for it hadn't spoken before.

`Hold your tongue!' cried the Tiger-lily. `As if you ever saw anybody! You keep your head under the leaves, and snore away there, till you know no more what's going on in the world, that if you were a bud!'

`Are there any more people in the garden besides me?' Alice said, not choosing to notice the Rose's last remark.

`There's one other flower in the garden that can move about like you,' said the Rose. `I wonder how you do it -- ' (`You're always wondering,' said the Tiger-lily), `but she's more bushy than you are.'

`Is she like me?' Alice asked eagerly, for the thought crossed her mind, `There's another little girl in the garden, somewhere!'

`Well, she has the same awkward shape as you,' the Rose said, `but she's redder -- and her petals are shorter, I think.'

`Her petals are done up close, almost like a dahlia,' the Tiger-lily interrupted: `not tumbled about anyhow, like yours.'

`But that's not your fault,' the Rose added kindly: `you're beginning to fade, you know -- and then one can't help one's petals getting a little untidy.'

Alice didn't like this idea at all: so, to change the subject, she asked `Does she ever come out here?'

`I daresay you'll see her soon,' said the Rose. `She's one of the thorny kind.'

`Where does she wear the thorns?' Alice asked with some curiosity.

`Why all round her head, of course,' the Rose replied. `I was wondering you hadn't got some too. I thought it was the regular rule.'

`She's coming!' cried the Larkspur. `I hear her footstep, thump, thump, thump, along the gravel-walk!'

Alice looked round eagerly, and found that it was the Red Queen. `She's grown a good deal!' was her first remark. She had indeed: when Alice first found her in the ashes, she had been only three inches high -- and here she was, half a head taller than Alice herself!

`It's the fresh air that does it,' said the Rose: `wonderfully fine air it is, out here.'

"I think I'll go and meet her,' said Alice, for, though the flowers were interesting enough, she felt that it would be far grander to have a talk with a real Queen.

`You can't possibly do that,' said the Rose: `I should advise you to walk the other way.'
De l'Autre Côté du Miroir, Chapitre II : Le Jardin des Fleurs Vivantes
Réception pour le mariage de Marilyn Manson et Dita Von Teese. L'abondance de milliers de roses est un détail pertinent ici, en plus de son utilisation courante en tant que symbole d'amour.

Un passage plus court dans Alice au Pays des Merveilles fait également allusion aux roses :


A large rose-tree stood near the entrance of the garden: the roses growing on it were white, but there were three gardeners at it, busily painting them red. Alice thought this a very curious thing, and she went nearer to watch them, and just as she came up to them she heard one of them say, `Look out now, Five! Don't go splashing paint over me like that!'

`I couldn't help it,' said Five, in a sulky tone; `Seven jogged my elbow.'

On which Seven looked up and said, `That's right, Five! Always lay the blame on others!'

`You'd better not talk!'said Five. `I heard the Queen say only yesterday you deserved to be beheaded!'

`What for?' said the one who had spoken first.

`That's none of your business, Two!' said Seven.

`Yes, it is his business!' said Five, `and I'll tell him--it was for bringing the cook tulip-roots instead of onions.'

Seven flung down his brush, and had just begun `Well, of all the unjust things--' when his eye chanced to fall upon Alice, as she stood watching them, and he checked himself suddenly: the others looked round also, and all of them bowed low.

`Would you tell me,' said Alice, a little timidly, `why you are painting those roses?'

Five and Seven said nothing, but looked at Two. Two began in a low voice, `Why the fact is, you see, Miss, this here ought to have been a red rose-tree, and we put a white one in by mistake; and if the Queen was to find it out, we should all have our heads cut off, you know. So you see, Miss, we're doing our best, afore she comes, to--'
Alice au Pays des Merveilles, Chapitre VIII : Le terrain de croquet de la Reine

Ce même Victorien, Lewis Carroll, écrivit également un magnifique poème intitulé "The Path of Roses" (L'Allée des Roses), en hommage à Florence Nightingale.

Florence Nightingale, commemorée dans "The Path of Roses" de Lewis Carroll. "Roses au marriage de Manson et Dita", par le photographe Celebritarien officiel Perou.

Pierre et Gilles:

Une nouvelle oeuvre photographique intitulée 'The Dead Song' fit surface dans la page de menu du DVD Lest We Forget, ainsi que dans le livret qui l'accompagnait sous le nom de 'Officer portrait' (Portrait en Officier). Les créateurs de cette pièce, Pierre et Gilles, partenaires dans la vie comme dans leur art mêlant la photographie et la peinture, ont trouvé leur place sur la scène artistique grâce à leur travail percutant, explorant souvent les profondeurs du glamour, de la religion, de l'amour, de la violence et de l'homoérotisme.

Pierre et Gilles, posant devant leur portrait de Manson : 'The Dead Song'.

Ce portrait en officier de Marilyn